- dialecticien
-
• fin XIIe; de dialectique, d'apr. lat. dialecticus♦ Personne qui emploie les procédés de la dialectique dans ses raisonnements. ⇒ logicien. « Le sophiste se contente des apparences, le dialecticien de la preuve » (Joubert). Jaurès « apparaissait comme un dialecticien merveilleux » (Péguy).dialecticien, ennen. Personne qui utilise la dialectique ou qui discute habilement.⇒DIALECTICIEN, IENNE, adj. et subst.I.— Emploi adj.A.— [En parlant d'une pers., de sa forme d'esprit, de ses idées] Qui use du raisonnement. Le cœur est rarement précis, il n'est point dialecticien (SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p. 12). Esprit dialecticien (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 121) :• 1. Je t'ai toujours reconnu plus penseur et marchant avant moi dans les pensées et découvertes. Je t'ai de plus reconnu plus dialecticien.LAMARTINE, Correspondance, 1832, p. 265.B.— Avec une nuance péj. C'est une vérité reconnue que notre siècle a remis les mots à leur place; qu'en bannissant les subtilités scolastiques, dialecticiennes, métaphysiques, il est revenu au simple et au vrai, en physique, en morale et en politique (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 27).II.— Emploi subst.A.— Celui, celle qui connaît, enseigne la dialectique. (Cf. DESTUTT DE TR., Idéol., 1803, p. 5). Raimond Lulle, rattaché à Saint François, mais dialecticien (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 216).B.— Celui, celle qui raisonne avec art et méthode. Un bon dialecticien; un dialecticien subtil, vigoureux. [Lessing] Dialecticien spirituel et serré dans ses arguments (STAËL, Allemagne, t. 2, 1810, p. 62) :• 2. Après la Gaon Saadia (Xe siècle), grand raisonneur, habile dialecticien en ses « croyances et opinions », apparaît, au XIe le rabbin Bachia, qui prêche surtout les « devoirs des cœurs ».WEIL, Le Judaïsme, 1931, p. 172.— Péj. Si l'on n'y prend garde, ce gouvernement-ci périra par les dialecticiens et les bavards (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 300).Prononc. et Orth. :[
], fém. [-
]. Ds Ac. 1694-1878 au masc. uniquement; ds Ac. 1932 aux 2 genres. Étymol. et Hist. Dernier quart XIIe s. dialeticien (CLÉMENCE DE BARKING, Vie Ste Catherine, éd. Mac. Bain, 143); 1488 dyalecticien (La Mer des Histoires, éd. 1491, II, 28 a d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 47). Dér. de dialectique; suff. -ien. Fréq. abs. littér. :50.
dialecticien, ienne [djalɛktisjɛ̃, jɛn] n. et adj.ÉTYM. XIIe-XIIIe; de dialectique, d'après le lat. dialecticus.❖1 N. Personne qui emploie les procédés de la dialectique (I., 1.) dans ses raisonnements. ⇒ Logicien.1 Le sophiste se contente des apparences, le dialecticien de la preuve; le philosophe veut connaître par inspection et par évidence.Joseph Joubert, Pensées, XII, LII.2 Mais, en outre, il (Jaurès) apparaissait comme un dialecticien merveilleux, comme un impeccable logicien, d'une méthode incomparablement sûre.Ch. Péguy, la République…, p. 24.3 Entre Voltaire et Rousseau, Parain n'avait pas à décider : mais il savait les opposer l'un à l'autre dans les formes, les réconcilier ou les renvoyer dos à dos. Il est demeuré un dialecticien redoutable. Il a l'art de répondre vite et durement, de sauter de côté, de rompre, d'arrêter par un mot la discussion lorsqu'elle l'embarrasse.Sartre, Situations, I, p. 196.4 (…) le dialecticien ne doit pas seulement avoir de la rigueur, il lui faut aussi de la vigueur; il est rhéteur autant que logicien. Il est surtout rhéteur quand la logique véritable fait défaut et que la dialectique n'est que l'art de tromper : il doit s'évertuer alors à donner à ce qu'il sait être faux une apparence de vérité, se maintenir lui-même tendu dans l'attitude de celui qui est certain, susciter dans son esprit un dynamisme contagieux.Foulquié, la Dialectique, p. 124. (→ Dialectique, cit. 4).2 Adj. (1580, Montaigne). Qui utilise les procédés de la dialectique (I., 3.); qui est digne d'un dialecticien. || Esprit dialecticien. || « L'éloquence de Robespierre, d'abord sèche, verbeuse et dialecticienne, s'éleva et s'éclaircit » (Lamartine, in G. L. L. F.).5 Il faut apercevoir ici, pour vaincre cette dernière apparence d'apparence, que ces deux auteurs sont encore trop dialecticiens.Alain, les Passions et la Sagesse, Pl., p. 744.
Encyclopédie Universelle. 2012.